Quand je marche main dans la main avec la personne que j’aime,

 les seules condamnations que j’entends viennent du fait que nous traversons

 parfois au feu rouge.

Quand nous avons décidé de nous marier, la seule objection 

qui nous a été présentée a été qu’à telle date la salle des fêtes était déjà réservée.

Si nous avions eu besoin de recourir à une aide médicale pour avoir des enfants,

la seule question qui nous aurait été posée eut été :  « vous avez votre carte vitale ? »

Quand je marche dans la rue avec la personne que j’aime et nos enfants,

les seules personnes les  interpelant le font pour leur faire un sourire ou

demander leur âge. 

Et pourquoi en serait-il autrement ?

Samedi, dans le 19eme arrondissement, ce 19eme arrondissement

dans lequel je vis, dans lequel j’aime me promener, dans lequel tant de

 communautés vivent côte à côte, un homme a été passé à tabac simplement

parce que la personne qu’il aime est lui aussi  un homme.

Depuis des mois, des organisations mettent en œuvres des moyens démesurés 

 pour nier à des personnes qui s’aiment le droit le plus élémentaire à choisir de

se marier ou non.

Ces mêmes organisations travaillent d’arrache-pied  à interdire à des personnes 

qui s’aiment, et qui veulent construire une famille, l’accès aux techniques médicales

 qui pourraient les y aider.

Et combien d’enfants insultés, voire même niés par ces mêmes  organisations ?

Combien de jeunes retrouvés pendus, les veines tailladées ou l’estomac rempli 

 de pilules,

trop effrayés d’avoir  à affronter un seul jour de plus les moqueries  

et la haine que ces organisations attisent sciemment ?

La seule justification de cette dramatique différence de traitement ?

Je suis un homme, et la personne que j’aime est une femme. Voilà l’unique

raison pour laquelle mes droits  sont reconnus, contrairement à ceux des

personnes qui aiment une personne du même sexe qu’eux.

Et c’est contre cette injustice que je viendrai me battre mercredi soir,

et autant d’autres fois qu’il le faudra.

C’est contre l’assourdissant silence entourant le saccage d’un salon LGBT par,

 entre autres, un conseiller national d’un important parti politique, que je demande

à tous ceux qui le pourront de venir également pour  manifester notre colère et

notre dégout.

Et enfin, c’est contre vous, Mesdames Barjot, Bourges,  Boutin, Messieurs Lafont,

Bongibault, Wauquiez, Copé,  Povinelli, que nous nous battrons sans relâche

 pour  tenter d’endiguer, autant que nous le pourrons,  vos torrents d’intolérance.

C’est sans violence, contrairement à vous, que nous ferons tout ce qui est 

en notre pouvoir pour que toute personne puisse marcher main dans  la main

 avec la personne qu’elle aime sans craindre les coups.

Pour que tout couple puisse choisir s’il souhaite ou non  se marier, sans que 

qui que ce soit n’ait son mot à dire.

Pour que la seule chose que de futurs parents  auront à se demander soit

s’ils sauront élever des enfants  avec tout l’amour qu’ils méritent.

Pour que plus jamais un enfant ne soit moqué, insulté ou harcelé pour

sa sexualité, ou celle de ses parents.

Et pourquoi en serait-il autrement ?

Texte de Vincent MASTON

( en réaction à ce qui se passe dans les rues à Paris : http://www.rue89.com/2013/04/08/wilfred-olivier-agresses-a-paris-voici-visage-lhomophobie-241278?fb_action_ids=10200953346942946&fb_action_types=og.likes&fb_source=other_multiline&action_object_map=%7B%2210200953346942946%22%3A435288096564088%7D&action_type_map=%7B%2210200953346942946%22%3A%22og.likes%22%7D&action_ref_map=%5B%5D